Aborted-Retrogore
Note: 9/10
Chroniqué par Érik
Une histoire de violence..
Clairement, après Strychnine 213 qui commençait à s’orienter nettement vers du Deathcore à tendance mélodique, on pensait Aborted perdu pour le brutal Death. Ce n’était ni le premier ni le dernier groupe de Death-Métal à changer de genre après tout, mais ce changement de style se confirme hélas souvent dans la durée, or Global Flatline (et avant lui l’EP Coronary Reconstruction) avait remis les pendules à l’heure assez magistralement, revenant au style sauvage et brutal des belges.
Depuis Aborted a confirmé son retour en forme sur The Necrotic Manifesto et Retrogore (2016) compte bien une fois de plus appuyer sur la plaie purulente, là où ça fait mal.
On note d’entrée un travail hallucinant sur l’artwork (Christopher Lovell et Cookie Greenway s’y sont mis à deux pour réaliser la tâche), avec non seulement cette pochette très horreur série B 80’s, mais aussi les illustrations à l’intérieur du livret, mettant en scène les membres du groupe dans une parodie d’affiche de films du genre, tout cela avec une volonté manifeste de second degré, en témoigne la présence de Skeletor et Oceanor au dos du livret…
Trêve de plaisanterie, Aborted n’est pas là pour assouvir vos tympans, et après une courte intro horrifique, le redoutable morceau Retrogore met les choses aux clairs avec un début fracassant et des accélérations encore plus incisives qu’auparavant. Choisissant Kristian Kohlmannslehner au détriment de Jacob Hansen, le combo ne semble pas avoir perdu en puissance par rapport à The Necrotic Manifesto. Cadaverous Banquet confirme cette impression que Aborted a accéléré la cadence, avec des plans flirtant désormais presque avec du Gorgasm. Techniquement on savait les gars au point, ça se confirme aussi bien sur les rythmiques solides que sur les solos dynamiques et variés. Le nouveau guitariste Ian Jekelis semble apporter un surcroît de technicité, pas étonnant quand on a joué dans Abysmal Dawn vous allez me dire.
Termination Redux le single de l’album déjà présent sur le MCD du même nom confirme cette impression de sauvagerie accrue avec des riffs et des accélérations terribles rappelant parfois Benighted.
La difficulté sur un full lenght est généralement l’homogénéité, on ne compte en effet plus les albums disposant de 3, 4 ou 5 tueries et meublant le reste avec des fonds de tiroirs, mais Retrogore ne faiblit pas, enchaînant les missiles brutal Death sans coup bas, variant aussi son jeu comme sur Bit by Bit et ses rythmiques centrales groovy propices au mosh.
Certes les trois derniers albums du groupe ne sont pas très différents les uns des autres, mais assez tout de même pour ne pas accuser Aborted de se mettre en mode pilotage automatique, et quelle efficacité ! A l’image d’un Forged for Decrepitude atomique ou De From Beyond (The Grave) distribuant du riff qui tue à volonté. Ajoutons à cela le chant toujours implacable de Sven de Caluwé, et on est proche du perfect.
Aborted ne révolutionne rien et ce n’est pas le but, mais le quintet continue d’exploiter son filon horreur / gore avec habileté, et confirme brillamment sa place de leader européen du brutal Death aux côtés de Wormed, Beheaded et Defeated Sanity qui devraient tous eux aussi sortir un disque en 2016. Wormed a tiré le premier avec Krighsu, Aborted répond présent avec Retrogore, attendons la suite et que le meilleur gagne.
A noter pour les collectionneurs de beaux objets, ne manquez surtout pas l’édition deluxe avec une box contenant non seulement l’album avec deux titre bonus, mais aussi le mini-CD Termination Redux et un drapeau représentant la pochette.
Tracklisting:
1- Dellamorte Dellamore
2- Retrogore
3- Cadaverous Collection
4- Whoremageddon
5- Termination Redux (Album Version)
6- Bit by Bit
7- Divine Impediment
8- Coven of Ignorance
9- The Mephitic Conundrum
10- Forged in Decrepitude
11- From Beyond (the Grave)
12- In Avernus
Label: Century-Média
Style: Death-Métal
Date de Sortie: 22 Avril 2016