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MD-45 The Craving (20ème anniversaire)                           

Chroniqué par Érik


Retour sur un OVNI..

En 1996, Dave Mustaine, frontman de Megadeth qui avait accumulé quelques frustrations à l’occasion et consécutivement à l’album Youthanasia cherchait un exutoire qu’il trouva en la personne du chanteur du groupe Punk, Fear, Lee Ving, avec lequel il souhaitait travailler depuis longue date. Ainsi est né de leur travail MD-45 et cet album « The Craving » qui ne manqua pas d’alimenter la critique à sa sortie. Les fans de Megadeth n’acceptèrent pas ce disque aux accents plus punk-rock et sur lequel le chant était assuré par Lee Ving lui-même.


En 2004, à l’occasion de la sortie des éditions remasterisées des disques de Megadeth par le label Capitol Records, Dave demanda à la grande maison de disques californienne de pouvoir également remixer « The Craving », mais se heurta à un obstacle de taille. En effet, les pistes d’enregistrement de l’album ne furent pas complètement réunies : manquent à l’appel les lignes de chant de Ving ainsi que ses notes d’harmonica.


Cependant, le Maitre Mustaine ne se désarma pas, et comme pour exaucer les vœux initiaux des fans de Megadeth, décida que c’est lui qui allait chanter à son tour les paroles écrites jadis par lui et Lee Ving, et trouva la parade s’agissant des lignes d’harmonica perdues, en simulant simplement ces dernières sur son manche de guitare. Enfin, à défaut de Lee Ving, le batteur Jimmy DeGrasso (Ex-Megadeth) et le bassiste Kelly LeMieux sont quant à eux revenus épauler Mustaine pour tenter de redonner un nouvel élan à The Craving.


Dans un style à mille lieues de Megadeth, qui allie Rock, Punk-Rock et Heavy Metal, Mustaine et ses acolytes s’en tirent plutôt bien dans cette réédition, mention spéciale aux refrains soignés et accrocheurs de « Voices », « The Creed », « My Town », « Hell’s Motel » et surtout « Nothing is something ». Forcément il est préférable à priori d’aimer le timbre de voix particulier de Dave Mustaine pour apprécier les lignes de chant présentes.


Sont appréciables également « The Day the Music Died » aux faux airs de « Vortex » sur le futur album alors de Megadeth, Cryptic Writings, ainsi que l’excellent « The Creed » qui aurait pu avoir sans problème sa place sur l’album Youthanasia avec quelques sonorités voisines. L'harmonica de Ving en 1996 a disparu, mais cette version s'en retrouve métallisée et se démarque clairement.
L'attrait intéressant du disque consiste aussi à mêler intelligemment les genres, y compris des riffs de guitare Rythm 'N' Blues (celui des années 1950 évidemment) par-dessus la charpente punk-rock de la plupart des morceaux, citons au moins le rafraîchissant « Designer Behaviour »  
La voix de Mustaine donne indéniablement une nouvelle dimension à l’album ; cependant, si généralement elle sublime la composition par rapport à l’ancienne version, il arrive aussi qu’elle grimpe dans des aigus inédits chez le thrasheur californien, à la limite de l’agacement, comme sur le titre « Roadman » ou encore sur les couplets de « Voices ».


Quant aux thèmes abordés dans les chansons, il est admissible de dire que Ving et Mustaine s’étaient montrés inspirés à l’époque avec des lyrics personnels et cohérents, notamment l’exclusion sociale sur « Nothing is Something », un thème cher à Mustaine, tout comme les tournées interminables de groupe sur « My Town », ou encore la généralisation de la Pop Music sur « The Day the Music Died ».
En revanche, les titres bonus non présents sur la version de 1996 n’apportent guère plus si ce n’est « Chutney » qui comporte quelques éléments d’avant-garde intéressants, comme les enchevêtrements de voix qui préfigurent certaines compositions des albums Cryptic Writings et surtout Risk de Megadeth. « Segue » est quant à lui un instrumental qui alterne entre jazz cartoonesque et musique de cirque, avec il faut dire assez peu d’intérêt, et surtout se calque sur un son à la limite de la démo. Enfin la version démo de « The Creed » composée à l’origine par Megadeth en 1995 aura pour seul mérite d’attiser la curiosité des collectionneurs.


En conclusion, cette remasterisation plus que bienvenue de « The Craving » rend en partie justice à cette pièce inclassable dans la carrière de Dave Mustaine, qu’on ne saurait comparer aux réalisations de Megadeth, et qui possède tout de même des qualités tassées peut-être trop hâtivement par la critique et les fans de Megadeth à l’époque de sa sortie. <

 

 

Tracklisting:
1-  Hell's Motel
2- Day the Music Died
3- Fight Hate
4- Designer Behaviour
5- The Creed
6- My Town
7- Voices
8- Nothing Is Something
9- Hearths Will Bleed
10- No Pain
11- Road Man
Bonustracks (Re-Issue 2004)
12- Chutney
13- Segue
14- The Creed (Megadeth Demo)
Label: Capitol Records
Style: Heavy/Thrash

 

 

 

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