Suicidal Madness est un groupe français de DSBM, peu connu, mais qui depuis 2010 nous fournit une musique de grande qualité. Je m’entretiens aujourd’hui avec Psycho, tête pensante et guitariste du groupe.
01 / Salut à toi, merci de prendre du temps pour m’accorder cette interview ! Alors, qui es-tu et que fais-tu dans Suicidal Madness ?
Salut, alors moi c'est Psycho, fondateur et guitariste principal du groupe.
Je m'occupe de la composition des morceaux, du design, de tout ce qui est Artwork ainsi que de tout le côté disons management. La page Facebook du groupe, l'envoi de mails, ...
02 / Quel est le processus créatif du groupe ? Comment écrivez-vous votre musique ?
Lorsque je commence à composer, je m'isole totalement et j'évite d'écouter d'autres groupes durant ce processus afin de ne pas me laisser influencer, j'essaie vraiment de créer quelque chose de personnel sans vouloir imiter tel ou tel groupe, juste évacuer ce qui doit être évacuer, selon les périodes, ou mon état d'esprit. Il n y a aucune règle, aucun code, c'est vraiment spontané, quand c'est le moment et que ça doit sortir ça sort. A partir de là les autres membres interviennent
et apportent leurs propres ressentis, leurs propres influences. Encore une fois rien n'est calculé ou prévu à l'avance, il y a beaucoup d'improvisation dans tout ça, on laisse juste exprimer nos émotions, ensuite ça donne le résultat final.
03 / On vous classe dans un style assez particulier, qui est le DSBM, comment appréhendez-vous votre musique dans le style ? Pensez-vous vous démarquer ou au contraire rentrer parfaitement dans les codes du style ? Quel est votre rapport par rapport à lui ? Vous revendiquez-vous groupe de DSBM ?
Est-ce que l'on rentre parfaitement dans les codes du style ? Difficile à dire... Je dirais que notre musique est tout simplement une retranscription musicale de ce qui est enfoui en chacun de nous, sans vouloir essayer de rentrer dans telle ou telle catégorie. Chaque morceau que l'on enregistre sera toujours à 100% sincère. On essaiera jamais de se donner un genre ou de simuler un faux mal-être, ni d'inciter les gens au suicide ou de faire de la dépression et du mal-être quelque chose de fun...
Les étiquettes n'ont pas vraiment de réelle importance, c'est sûr que c'est plus facile de s'y retrouver mais pour moi le principal c'est que la musique soit pure et sincère
C'est tout ce qui compte, le reste c'est juste éphémère...
04 / Votre musique est extrêmement triste, dépressive, emplie d’émotions, comment faites-vous pour retransmettre tout ça ? Avez-vous besoin de ressentir vous-même ces émotions ? Quel est votre rapport avec les thèmes abordés, la dépression, le suicide ? Qu’est-ce que ça évoque pour vous ? Et comment ça interagit avec votre musique ?
C'est même plus que vital de d'abord ressentir nous mêmes les émotions que l'on va transmettre en musique. On en revient sur ce que je disais plus haut, si on est pas totalement sincère avec ce qu'on cherche à véhiculer cela s'en ressentira obligatoirement dans la musique. Les thèmes que l'on évoque comme la dépression et le suicide sont des thèmes très familiers pour nous. Nous avons tous une part de folie, un côté auto-destructeur en nous.
Lors de la création du groupe en 2010, je sortais de longues années de dépression, de repli sur moi-même et d'isolement. Beaucoup de vieux démons à combattre... Il fallait canaliser tout ça et l'exterioriser et ce fut à travers la musique.
En ce qui concerne notre rapport avec le suicide, nous avons du affronter cette situation au sein même du groupe. Notre ancien batteur et ami, Molasar, s'est donné la mort en janvier 2011. La musique était pour lui comme nous tous un moyen d'évacuer mais ça n'aura malheureusement pas suffit à soigner ses tourments...
05 / Les paroles sont assez complexes, remplies de métaphores, que cherchez-vous à transmettre à travers elle ? Comment sont-elles écrites ? Quelle importance y accordez-vous ?
N'étant pas moi qui écris les paroles, je ne peux pas te dire grand chose de bien précis, mis à part qu'elles sont très personnelles.
Les paroles de Saddy, notre premier chanteur, étaient très torturées, celles de Alrinack sont plus axées sur la reflexion personelle, les questions existentielles, du rapport très étroit que l'être humain peux avoir avec la mort ou la maladie mentale... Deux thèmes largement exploités sur notre dernier album, "Illusions Funestes".
La mort, fait, qu'on le veuille ou non, partie de la vie. Dès la naissance on commence à mourir... Je dis toujours qu'il faut vivre chaque journée qui passe comme si c'était la dernière. Nul ne sait de quoi sera fait demain...
06 / Quelles sont vos influences ? Et comment interagissent-elles avec votre musique ? Qu’écoutez-vous personnellement ?
Chaque membre du groupe à ses propres influences et c'est justement "ces influences", qui une fois mélangées donne notre musique.
Personnellement, je suis assez éclectique en matière de musique, j'écoute principalement du Black de tous les horizons possible... Mes préférences vont surtout vers les groupes qui dégagent de fortes émotions ou qui font voyager, ça va de Burzum à Shining, en passant par des groupes comme Drudkh, Winterfylleth et plus dernièrement les géorgiens de Psychonaut 4 dont je suis devenu carrément fan ! J'aime beaucoup également Make a Change... Kill Yourself, Forgotten Tomb, TotalSelfHatred, Coldworld, (le dernier album est absolument magnifique) et pour revenir un peu chez nous en France, la musique de Nocturnal Depression me touche beaucoup mais j'aime aussi écouter des groupes qui n'ont rien à voir avec le Metal, comme par exemple Pink Floyd, Joy Division, Radiohead ou encore Portishead...
07 / Penses-tu que la musique de Suicidal Madness s’adresse à tout le monde, ou seulement à certaines personnes ? Faut-il être dans un certain état d’esprit pour l’apprécier pleinement, ou du moins, la comprendre ?
C'est indéniable qu'il faut être dans un certain état d'esprit pour pouvoir apprécier ou même comprendre notre musique, cela s'applique d'ailleurs pour tous les styles... Notre musique s'adresse surtout aux personnes qui sont réceptives à la beauté que peut avoir la mélancolie quand elle est retranscrite en musique mais aussi aux émotions négatives et à la noirceur qui se trouve en chaque personne, en chacun de nous...
Une transmission de vécu et d'émotions que, donc, seules certaines personnes peuvent comprendre..
08 / Quels sont vos projets pour le futur ? Avez-vous des side-projects ? Si oui, de quoi s’agit-il ? Y a-t-il d’autres styles de musique que vous voudriez expérimenter ?
L'écriture du troisième album et d'ores et déjà en cours, actuellement je bosse sur deux, trois nouvelles compos. Je pense que pour ce prochain album nous allons continuer à travailler de la même façon, avec ce mélange de guitares saturées et acoustiques comme c'est le cas sur "Illusions Funestes". Le résultat risque de donner quelque chose d'encore plus sombre qu'auparavant tout en gardant ce côté mélancolique qui est propre à notre son.
Nous avons tous d'autres projets, je joue par exemple avec Malsain dans Total Reject, un groupe plus orienté Black Thrash / Black n' Roll, Il y a aussi bien sûr, Sombre Croisade composé du duo Malsain et Alrinack. Leur deuxième album est en cours d'enregistrement... Également Uluun, groupe parisien dont Alrinack assure le chant, un groupe à suivre de très près... D'ailleurs Alrinack est également derrière trois projets solos (Asphodeles, Loup Noir et Temple)
Après s’il y a d'autres styles de musique que j'aimerais experimenter, j'ai envie de dire que oui mais pas dans l'imédiat, l'unique priorité reste Suicidal Madness.
09 / Avez-vous autre chose à ajouter ? Un petit mot pour la fin ?
Merci de m’avoir accordé cette interview, je vous souhaite une bonne continuation !
Merci à toi pour cette interview et pour l'intêret que tu nous portes et merci aussi à tous ceux qui nous soutiennent !!
Psycho.