Entretien avec Max OTERO fondateur, chanteur et guitariste de MERCYLESS.

 

 

Didi :  MERCYLESS a fait ses débuts en 1987 avec Loudblast, No Return, Crusher, Agressor, Massacra et consorts,  d’après toi, la scène Death Française a-t-elle changé par apport à cette époque ? 

 

Max : Ce qui est le plus différent c’est le système qui a été mis en place par apport à l’évolution en général avec internet, ça a changé la donne à tous les niveaux. Il ne faut pas oublier que fin des années 80 et débuts 90 c’était l’époque du courrier, des cassettes et puis tu enregistrais des albums en vinyle. Et puis le Cd est arrivé en 90 et toutes ces petites choses qui se sont accumulées et qui font qu’aujourd’hui la scène est différente.  Les groupes se multiplient, dans le sens où il est plus facile aujourd’hui de construire un groupe et d’essayer de  se produire par apport à une époque où tout était  à faire.

Par  apport à cette époque là, il y a une espèce de facilité et en même temps il y a un problème de presque saturation car il a plus de choses, plus de groupes , un monde internet, des réseaux qui monopolisent un peu tout par apport à l’époque de la cassette et du vinyle, du papier et des magazines ces choses-là ont fait que tout à changé.

 

Didi : Par apport au public, tu as trouvé une différence ?

 

Max : «  Ben disons que oui, il y a une petite différence dans le sens où il y a une nouvelle génération voir même deux générations qui se sont succédées  depuis le début des  années 2000, c’est un public soit de connaisseurs parce que il nous ont connu dans les années 90 aux débuts du groupe soit c’est une toute nouvelle génération qui nous redécouvre. C’est tout aussi bien, ça nous permet de faire écouter notre musique à toute une génération qui ne connaissait pas Mercyless, voir d’autres choses, ça nous va bien parce que c’est ça la musique !! Ce n’est pas que ça doit être inter générationnel mais que ça accroche le maximum de gens donc ça reste un défi tout le temps, de montrer ce que l’on est capable ou pas, si ils aiment ou pas ! »

 

Didi : Quand tu dis tout a changé,  surtout maintenant,  tu parles aussi des maisons de disques ? 

 

Max : Oui complètement, c’est le petit détail dont je n’ai pas parlé, oui forcément le rapport aux maisons de disques pour sortir un album est devenu presque obsolète. Maintenant sortir un album c’est avoir un ordinateur chez soi presque ! Ce n’est plus prendre des rendez-vous, ce n’est plus écrire, ce n’est plus mettre en place des choses, organiser, faire des budgets comme c‘ était avant.

Avant, sortir un album c’était un aboutissement, aujourd’hui un album ça fait parti du patrimoine de n’importe quel groupe, on distribue des albums avec internet c’est beaucoup plus facile mais cette chose là pour nous est très importante car en fait un album pour nous à toujours cette valeur vu que l’on a ce côté un peu oldy’s, le fait de sortir un album est très très  important. Ce n’est pas juste un produit que l’on va mettre parmi tant d’autres, c’est la petite note qu’il faut donner en plus justement. Le produit c’est une chose, il y a des millions de groupes partout, si tu veux sortir ton grain de sel de tout ça il faut travailler plus que les autres.

 

Didi : Je reviens en arrière, ne crois-tu pas que le fait de vous être  embrouillé avec votre première maison de disques  a fait retarder la sortie de votre premier album « Abject Offerings » ? Vous n’avez pas loupé le train en marche ?

 

Max : Oui je pense, on était jeunes et un peu fou fou, on a fait beaucoup d’erreurs et on a appris beaucoup d’ailleurs. Encore aujourd’hui, je pense souvent à cette époque pour éviter ce genre d’erreurs que l’on a faites parce que l’on était mal conseillé. Parce que c’était le début, la construction de la scène Death-Metal en France, c’est bien beau de regarder les autres mais à un moment il y avait des choix à faire, il y avait des opportunités à prendre, on a peut-être fait des mauvais choix mais c’est ce qui nous a permis d’évoluer, de comprendre  et d’avoir maintenant ce recul sur l’industrie de la musique contrairement à d’autres heureusement !

 

Didi : C’est le Split album (Collector) avec Crusher qui vous a aidé à revenir après 20 ans ?

 

Max : - Non, ça c’est la deuxième partie, le truc qui nous a fait revenir c’est la compilation  de tous les titres de Mercyless  que l’on avait faite chez L’Armée de la Mort en 2010, on c’est servi de ce produit pour revenir, je ne sais pas si tu connais ?

 

Didi : Non, je suis passé à côté !

 

Max : D’accord, pas grave ! En fait, c’était un double CD avec toute l’histoire de Mercyless du début jusqu’ à pratiquement 1996, les démos, du live, pleins de choses… en fait, on c’est servi de cette petite compilation pour revenir. Enfin on voulait déjà revenir avant cette compile, mais c’est arrivé en même temps. Enfin comme tu dis, le Split avec Crusher a été une étape en plus et ainsi de suite, le fait de réunir Crusher et Mercyless a permis de remettre les choses en place.

 

Didi : Ca me fait penser à Fantoche, tu peux nous donner de ses nouvelles ?

 

Max : Ben justement, Stéphane était avec nous pour le concert des 30 ans, il est monté sur scène avec nous pour jouer deux morceaux, on le voit régulièrement, d’ailleurs il joue souvent avec notre batteur, ça n’a plus rien à voir avec le Métal c’est plutôt Electro pour continuer à faire de la musique. D’ailleurs il nous a dépanné énormément, il a fait pas mal de concerts avec nous mais c’est toujours de temps en temps quand on a un petit problème, c’est épisodique car il ne peut  vraiment se permettre d’enquiller des tournées, c’est un ami avant tout depuis l’enfance au-delà de la musique.

 

Didi : Le groupe a beaucoup évolué, tu peux nous présenter tes musiciens ?

 

Max : -  Il y a Mathieu à la basse qui est là depuis la reformation en 2010 et son frère Gauthier à la guitare depuis un peu plus de 2 ans, Laurent « Lolo » à la batterie, ça fait longtemps que je le connais c’était un fan de Mercyless ça fait une quinzaine d’années que je traine avec lui.  Pour moi cette formation est la meilleure pour présenter ce que l’on a à faire, pour faire les morceaux en toute liberté. Ca se passe très très bien !

 

Didi : Le son Mercyless est toujours reconnaissable !

 

Max : C’est vrai c’est le même depuis trente ans !!

 

Didi : Justement par apport au son, tu utilises toujours le même matos ?

 

Max : Écoute, j’utilise la même tête d’ampli depuis 1992, c’est  toujours le même style de guitare toujours le même style de matériel. C’est un son qui me plait, qui me parle, je ne cherche pas a faire un son très novateur. Dans ce que j’ai comme matériel, du moment que je le comprends très  bien, que j’arrive à obtenir le son que je veux, pas besoin de chercher plus loin.

 

Didi : Vous venez de sortir dernièrement un nouvel album «  Pathetic Divinity »  qui cartonne pas mal, avez-vous prévu une tournée Européenne ?

 

Max : On part  en Tournée en Europe le 06 avril avec Avulsed, des Espagnols qui font du Brutal-Death, entre dix et vingt dates on n’est pas encore fixé, on en saura bientôt plus  et des concerts par-ci par-là. Comme d’habitude on fait tourner la machine tant qu’on peut, comme on peut, ça fait longtemps que l’on ne se pose plus de questions, on va où on nous emmène, où on nous demande ... On prend plaisir à jouer, on prend plaisir à faire ce que l’on fait encore aujourd’hui et pour nous c’est l’essentiel, c’est plus qu’une passion, c’est ce qui nous anime dans la vie, au-delà de notre famille de notre travail, c’est un truc complètement à part . Nos vies familiales sont là pour garder un certain équilibre. La musique est là comme un exutoire  et pour nous c’est très important d’avoir ça, comme tous ceux  qui ont une passion.