top of page

Alcest - Kodama

Note: 9/10

Chroniqué par Detonation

 

Voici dix-sept ans déjà qu’Alcest existe, la formation française a commencé par une démo de Black Metal, « Tristesse Hivernale », puis a varié vers un style Post-Metal, Shoegaze/Blackgaze. Après un album qui a divisé, à savoir « Shelter », elle nous revient en cette fin 2016 avec ce « Kodama » chez Prophecy Productions, comme pour les anciens albums. Le groupe a un nombre de fans important, ce nouvel album était donc très attendu. Certains espéraient une continuité de « Shelter » avec un son très aérien et atmosphérique, d’autres par contre espéraient une sorte de retour aux sources, avec le Shoegaze/Blackgaze qui a fait le succès d’Alcest, d’autres encore espéraient des innovations dans la musique du groupe. Alors que peut-on attendre au final de ce nouvel opus ?

 

D’entrée de jeu, sur le titre éponyme « Kodama » nous voyons que c’est vers un retour aux sources que le groupe a penché. La musique rappelle clairement les premiers albums, à savoir « Souvenirs d’un Autre Monde » et « Écailles de Lune ». Et avec les titres suivants nous en aurons la confirmation. Sur certains titres il y a même le retour du chant hurlé, sur « Éclosion », « Je suis d’Ailleurs » et « Oiseaux de Proie ». Le son est toujours très beau, reste aérien et atmosphérique. Les paroles sont en français, comme d’habitude. Elles ne sont pas vraiment poétiques dans la forme, mais elles le sont dans le fond. Elles sont simplement belles et nous évoquent des tas d’images. « Je suis d’Ailleurs » est, je trouve, un très bel hommage à H.P. Lovecraft. En effet, premièrement c’est le titre d’une de ses nouvelles, mais les paroles évoquent également l’écrivain : « Je vois des monstres, j’entends des hurlements », mais aussi « Je prends mon élan pour planer au-dessus du sol, mais retombe sans comprendre et crie intérieurement, mon corps ne répond plus ». Et c’est un magnifique hommage, qui contraste avec l’univers froid et poisseux de l’auteur.

 

L’album n’est pas très long, il dure un peu plus de quarante-deux minutes, quarante-huit avec le bonus track. En soit les albums d’Alcest n’ont jamais été très longs, seul « Les Voyages de l’âme » dépassait les cinquante minute, et de justesse. Il y a six pistes, assez longues, comme sur « Souvenirs d’un Autre Monde » et « Écailles de Lune ». « Les Voyages de l’Âme » et « Shelter » en avaient huit. Le format ne change donc pas. L’album, comme les précédents (excepté « Les Voyages de l’Âme ») est cependant assez court, un peu trop, ce qui est dommage. Nous voudrions que le voyage musical dure plus longtemps, surtout pour une musique atmosphérique et assez répétitive comme celle-ci. D’un autre côté, ça évite à l’auditeur de s’ennuyer, mais vu la qualité de la musique, je doute que quelques minutes de plus puissent créer un quelconque ennui.

 

Comme dit précédemment, la musique est un retour aux sources, donc elle n’innove pas. Alcest fait ce qu’il aurait pu faire il y a quelques années. Certains pourraient le déplorer, mais personnellement, je trouve que c’est bien ainsi. Alcest maîtrise très bien son style et je ne pense pas qu’il y ait besoin de changements. L’album est tout aussi bon que les précédents. On pourrait se dire que sans réelle innovation. Une lassitude pourrait se créer, mais ce n’est pas le cas ici. On savoure cette nouvelle galette avec plaisir. On s’en délecte comme d’une nouvelle perle, et c’est très bien ainsi. De plus, Alcest fait partie des piliers du genre, il a contribué à lui donner ses lettres de noblesse, il se doit donc de confirmer son statut de groupe phare, ce qu’il fait parfaitement ici.

 

Kodama signifie « Écho » ou « Esprit de l’Arbre » en japonais. La pochette et les images du livret nous font clairement penser au Japon. On pourrait donc penser que le groupe s’est inspiré du pays du soleil levant pour ce nouvel album. Mais les inspirations s’arrêtent là. Dans la musique rien ne nous fait penser à une quelconque influence japonaise, que ce soit dans les paroles ou dans le son. Certains pourront y voir un défaut, notamment les fans du pays, ou ceux qui voudraient que l’imagerie soit liée à la musique, d’autres trouveront que c’est mieux ainsi, que la musique d’Alcest est très bien telle qu’elle est et qu’elle n’a pas besoin d’influence japonaises. Néanmoins il est impossible de nier qu’il est tout de même curieux de faire de tels artworks alors que d’apparence c’est totalement éloigné de l’univers d’Alcest. Mais le groupe ayant le souci du détail, je pense que s’il a fait ça, c’est qu’il y a bien une raison.

 

« Kodama » est un très bon album pour Alcest, qui ravira sans aucun doute ses fans. La musique est très belle, nous invite au voyage. Kodama n’innove pas, mais il fait il fait ce qu’Alcest sait faire de mieux, à savoir un Shoegaze/Blackgaze aérien et atmosphérique, empli de beauté, qui laisse entrevoir à la fois de la mélancolie et des rayons de soleil. C’est un album à écouter attentivement, pour qu’il nous révèle réellement sa qualité. Il a l’air facile d’accès à première vue, mais il faudra plusieurs écoutes pour réellement s’imprégner de la musique, et y voir ce qu’elle a de plus beau à nous montrer. Alcest nous a encore offert une perle, qu’il faut savoir savourer comme il se doit !

 

 

 

bottom of page